RESUME
Un étrange tueur court la ville à la recherche de victimes : il s'agit de Jérémie, cadre effacé de la Sécurité Sociale, traumatisé alors qu'enfant il observait une mouche posée sur la poitrine opulente de son professeur de piano. Désormais, Jérémie se défoule en étranglant des femmes avec son écharpe brodée d'un ibis...
Transportant avec lui sa lourde valise d'échantillons de spiritueux, Raymond Villiers , ex-champion de tango, représentant en spiritueux, joueur et ivrogne impénitent, ne se doute pas que l'homme qui lui fait face dans l'ascenseur n'est autre que Jérémie l'étrangleur qui défraie la chronique, celui que la police pourchasse en vain depuis plusieurs semaines. Devant le mutisme de son vis-à-vis, Raymond ne s'attarde pas pour réaliser une hypothétique vente; il abandonne ce personnage réticent et se met en quête des trois millions qu'il doit rembourser au plus tôt, sa femme, Evelyne, lui ayant fait clairement comprendre qu'elle ne l'aiderait plus à payer ses dettes de jeu. Près du canal Saint-Martin où il habite, Raymond contacte quelques amis susceptibles de le dépanner: Zizi, le vieux marchand de journaux, bougon mais grand coeur et xénophobe (mais attaché à Zouzou, un jeune enfant noir), et Margos, un Auvergnat reconverti dans la cuisine grecque "typique". Ils ne sont, ni l'un ni l'autre, en mesure de le dépanner. Contrairement à ses habitudes, Jérémie, l'étrangleur, s'est attaqué à une femme, en plein jour et cette imprudence a bien failli le perdre. Il s'en tire de justesse pour cette fois mais son signalement est largement diffusé et Raymond reconnaît aisément l'inconnu de l'ascenseur. Dès lors, une succession de quiproquos et de méprises vient bouleverser l'ordre naturel des événements: Raymond et Margos sont assassinés; Zizi, coupable de l'un des crimes, s'accuse de tous les forfaits de l'étrangleur, par mythomanie; Jérémie, quant à lui, peut mener une existence paisible car, en épousant Evelyne, il s'est enfin libéré de ses complexes!
Copyright, 1995 CMC/Les Fiches du Cinéma
FICHE TECHNIQUE
Réalisateur : Jean-Pierre Mocky
Scénario : Jean-Pierre Mocky, André Ruellan adapté d'une nouvelle de Fredric Brown 'Knock Three One Two' (Ça ne se refuse pas).
Société de production : Les Films de l'Epée, M. Films (Paris)
Producteurs : Jean-Pierre Mocky, Jean Roblin
Directeur de production : Robert Paillardon
Distributeur d'origine : Lugo Films, M. Films (Paris)
Directeur de la photographie : Marcel Weiss
Ingénieur du son : Séverin Frankiel
Compositeur de la musique : Eric Demarsan
Monteur : Marie-Louise Barberot
Genre : Comédie dramatique
Durée : 1H17
Sortie France : 21 mai 1975
Le film a été tourné à Paris.
DISTRIBUTION
Michel Serrault (Jérémie)
Michel Simon (Zizi)
Michel Galabru (Raymond)
Jean Le Poulain (Margos)
Evelyne Buyle (Evelyne)
Karen Nielsen (Sophie)
Dominique Zardi (Saddo)
Jean-Claude Remoleux (Emile le cuisinier)
Antoine Mayor (Le chauffeur de taxi)
Jean Abeillé (Un locataire non crédité)
Gaby Agoston (Le chauffeur des Grecs)
Jean Cherlian (L'interprète grec)
Michel Francini (M Ratin)
Gérard Hoffmann (L'artiste de cabaret non crédité)
Georges Lucas (Un brigadier)
Roger-Jacques Mayar
Caroline Sihol
Philippe Suédois (Zouzou)
Barbara Val (La colonelle)
Véronique Végler (La couturière)
Jean-Pierre Mocky (Le journaliste radio (non crédité) (voix)
Rosine Young (Élisabeth Lolo)
AUTOUR DU FILM
- Dernier rôle de Michel Simon.
C'est parce que Michel Simon avait particulièrement apprécié SNOBS, qu'il accepta immédiatement de tourner sous la direction de Jean-Pierre Mocky, le rôle de Zizi, le marchand de journaux. Un rôle pittoresque qui sera son dernier à l'écran puisqu'il devait, malheureusement, disparaître quelques jours après la présentation du film, le 30 mai 1975. Michel Simon avait accepté de jouer dans L'IBIS ROUGE avec d'autant plus de satisfaction que ce film fut tourné à l'endroit exact où Jean Vigo avait filmé, quelque quarante années auparavant, les extérieurs de L'ATALANTE, sur les berges du canal Saint-Martin. Là même où Michel Simon avait été un inoubliable " Père Jules"...
- Anecdote racontée par Michel Galabru : "Sur le tournage de « L’ibis rouge », Mocky avait été d’une prévenance incroyable vis-à-vis de Michel Simon. Je ne suis pas sûr qu’un chef d’Etat ait jamais droit à tant d’égards. Après le tournage, Mocky lui demande : « Monsieur Simon, quelle prise préférez-vous ? La première ou la deuxième ? » Réponse : « Je les emmerde toutes les deux ! »" (in Ciné-Télé-Revue du 15 décembre 2011)
CRITIQUES
Mon avis
Un des meilleurs films de Mocky typique de son sens de l'humour noir avec des personnages étranges et le gout de situations absurdes.
Le tour de force est qu'il arrive à nous rendre sympathiques la galerie de monstres et de guignols pathétiques qu'il nous dépeint : un étrangleur de bonnes femmes à belles mammelles, un vieux marchand de journaux amer et xénophobe en quête de reconnaissance, un restaurateur auvergnat reconverti dans la cuisine grecque prêt à toutes les entourloupes pour s'acheter une maison au bord de la mer, un minable représentant en spiritueux joueur patenté en instance de divorce pris à la gorge pour rembourser une dette de jeu.
Il se dégage du film un certain charme désuet et une poésie magnifiée par la belle photographie de Marcel Weiss et la musique d' Eric Demarsan. Le film est d'une durée très courte (1H17), pas de scène superflue, on se laisse porter par l'ambiance prenante, insolite où les situations se répondent les unes aux autres jusqu'au dénouement plus que surprenant et d'une amoralité réjouissante.
Mocky sait offrir des beaux rôles à des comédiens à l'époque peu ou sous-employés : les trois Michel avec Michel Serrault dans un vrai premier rôle dramatique où il peut montrer sa face monstrueuse cachée derrière une apparance banale, Michel Galabru magnifique dans son rôle de loser patenté et surtout l'immense Michel Simon dans son dernier rôle, que tout le monde avait un peu oublié et qu'aucun réalisateur n'osait plus engager dans un film. Sans oublier Jean Le Poulain, comédien habitué du théâtre de boulevard (à la télévision dans les grandes heures d'"Au théâtre ce soir") , remarquable lui aussi dans le rôle du restaurateur.
Mocky a toujours aimé faire appel à des acteurs du grand cinéma français des années 30/40, cinéma qui l'a fait rêver étant jeune, ici Michel Simon, plus tard Héléna Manson, Jany Holt, Charles Vanel, Denise Grey. Son film le plus emblématique à cet égard restant La cité de l'indicible peur auquel participaient Jean-Louis Barrault, Victor Francen et Raymond Rouleau.
A noter enfin une composition hilarante de Jean-CLaude Rémoleux, grand second rôle cher à Mocky en cuisinier qui chante Marinella et fait des bras d'honneur à son patron dès qu'il a le dos tourné.
En résumé, un Mocky à ne pas rater charmant, drôle, décalé et surprenant de bout en bout.
Autres critiques
"Film d'humour noir très réussi d'un Mocky qui ne craint pas le mauvais gout pour construire un jeu de guignol particulièrement réjouisant, fustigeant avec bonheur l'imbécillité et la médiocrité en une pittoresque galerie de monstres."
Claude Bouniq-Mercier - Guide des films Jean tulard
"Mocky peint joyeusement une société aliénée (moralement et sexuellement), un monde où les frustrations sont, en même temps, synonymes de vie, et où les personnages, plus pathétiques que monstrueux, sont regardés avec tendresse."
Jacques Morice - Télérama
"Admirablement interprété par Michel Simon, ce conte sarcastique et policier dégage une poésie vraiment insolite, servie par des décors parisins nocturnes très intelligement photographiés par Marcel Weiss."
Encyclopédie Le cinéma -Atlas
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© Mocky Delicious Products -Evelyne Buyle
© Mocky Delicious Products - Evelyne Buyle
© Mocky Delicious Products - Michel Serrault
© Mocky Delicious Products -Michel Simon, Jean Le Poulain