RESUME
La lente dégradation d'un jeune couple, marié depuis trois ans
Pierre et Anne se sont donné rendez-vous dans le musée où ils se sont rencontrés il y a trois ans. Leur union basée sur l'appel immédiat qu'ils ont ressenti et une promesse de totale sincérité, fait l'admiration de leur entourage, mais Pierre est inquiet : il vient avouer à Anne que l'habitude de son corps lui fait perdre l'urgence de son désir, que cette baisse de température est indigne de leur amour : ils décident tous deux de reprendre leur liberté. De cette liberté ils ne font rien. Dans la fabrique de jouets où Pierre travaille, son patron, gros jouisseur, est aussi surpris que sa jeune collaboratrice de cette querelle de ménage. L'employée tente d'approcher Pierre qui se refuse. Anne, de son côté, se languit aussi. Ils se retrouvent bientôt dans une ardeur nouvelle. Ils décident alors de s'éloigner de cette ambiance frelatée où ils vivent - l'air pur des cîmes neigeuses va, pour un temps, revivifier leur amour. Mais le métier, la vie, les autres et même l'inspiration créatrice tout se ligue pour les séparer. Soucieux d'être fidèle à leur vérité personnelle, à ce nouvel élan qui les divise, Pierre va essayer sa compagne d'atelier pendant qu'Anne se livre sans hésiter à un fêtard voisin de palier. L'émotion que leurs corps a ressentie leur montre qu'ils n'ont plus rien de commun, et pendant que les couples affreux se retournent dans l'obscurité, ce couple lucide se sépare.
© Les fiches du cinéma 2001
FICHE TECHNIQUE
Réalisation : Jean-Pierre Mocky
Scénario : Jean-Pierre Mocky
Adaptation et Dialogues : Jean-Pierre Mocky, Raymond Queneau, avec la collaboration de Jacques Rouffio et Alain Moury
Assistants réalisateurs : Fernand Marzelle, Luc Andrieux et Nat Menechi
Images : Eugène Shüftan
Opérateur : Billy Villerbue, assisté de Pierre Brard et Claude Zidi
Son : Michel Fano et Guy Rophe, assistés de Pierre Zann et Jean Philippe
Musique : Alain Romans
Montage : Borys Lewin, assisté de Alix Paturel
Décors : Maurice Pétri, assisté de Olivier Gérard
Ensemblier : Roger Bar
Régisseur général : André Hoss
Production : Balzac Films, Discifilm
Producteur délégué : Sacha Kamenka
Distribution : Discifilm
Tournage à partir du 23 Février 1960 dans les studios Eclair à Epinay-sur-Seine et à Paris pour les extérieurs
Pellicule 35mm, noir et blanc
Genre : Comédie dramatique
Durée : 89mn
Première présentation le 08/01/1961
DISTRIBUTION
Juliette Mayniel : Anne Chenard, la femme
Jean Kosta : Pierre Chenard, le mari
Nadine Basile : Clara
Francis Blanche : Mr Gratteloup
Simone Cendrar : Mme Gratteloup
Christian Duvaleix : Alex
Gérard Hoffmann : Mr Antoine
Véronique Nordey : Véronique
Gérard Darrieu : Félicien Mignon
Alice Tissot : Mme Mitouflet
Danielle Godet : Christine
Claude Mansard : Mr Barouche
Lucienne Dutertre : Mme Barouche
Jenny Orléans : Julie
Jean-Pierre Mocky : Un voyeur au "Bon Marché"
AUTOUR DU FILM
- Pour découvrir l'interprète idéal du rôle de Pierre, Jean-Pierre Mocky eut l'idée de faire passer le "portrait-robot" du futur partenaire de Juliette Mayniel dans la presse. C'est la première fois qu'un comédien était engagé de cette façon.
- A propos d'UN COUPLE, Jean Cocteau précisait: "Ce terrible portrait de la vulgarité choquera ceux qui croiront le film vulgaire et ceux qui y verront leur portrait. Une des grandes beautés de ce film est que la langue écrite (dite) et la langue visuelle y sont équivalents de style et du même poids (ce qui est rarissime)".
- Mocky sur le film : "Raymond Queneau me suggère de ne pas rester sur le ton grave mais d'introduire des personnages bizarres et farfelus et de pimenter de dérision cette introspection amoreuse. "Sinon, tu vas emmerder les spectateurs."
Queneau a carte blanche, il s'amuse à faire des mots : "C'est du toc, non c'est du stuc."
- Juliette Mayniel, qui jouera par le suite dans Les cousins de Claude Chabrol, obtint le rôle de la femme du couple du film après qu'Emmanuelle Riva et Sophie Desmarets furent envisagées.
CRITIQUES
Mon avis
Deuxième film de Mocky, au ton très différent du précédent, plus grave même si des moments de comédie parsèment le film avec des personnages assez étranges et pittoresques.
Un couple raconte l’histoire d’un jeune couple marié depuis trois ans où l’homme constate que l’amour est devenu pour lui une habitude et il le dit à sa femme. Le film parle donc avec sincérité et franchise de l’entente physique primordiale au sein du couple, quand elle disparaît il faut savoir le reconnaître et se séparer, tel est le message radical, jugé inconvenant et subversif à l’époque, il en serait d’ailleurs de même maintenant .Aidé par les dialogues décalés de Raymond Queneau, le film ne se concentre pas totalement sur le couple et présente d’autres personnages qui gravitent autour, chacun offre un autre point de vue sur le couple : Francis Blanche dans une version très libre en fabricant de jouets dragueur impénitent s’affichant avec plein de maîtresses et clientes, sa femme batifolant avec son professeur de sport, dans une version plus commune la sœur de l’héroïne un temps tentée par l’infidélité puis se ravisant et choisissant de rester auprès de son mari le trouvant finalement gentil et avec quelques qualités.
Mocky a fait appel à des acteurs comiques dont la plupart sont issus des Branquignols tels Francis Blanche (vraiment excellent dans un rôle à contre-emploi), Christian Duvaleix, ce qui pouvait laisser présager une franche comédie et non un œuvre au constat aussi amer et dramatique bien que lucide sur la fin d’un couple.
Au final, un Mocky qui se cherche avant de trouver avec son prochain film « Les snobs » un ton satirique ravageur qui sera le sien, mais un Mocky passionnant qui n’hésite pas à mettre les pieds dans le plat dans le conformisme de la vie de couple, discours qui peut ne pas plaire à tout le monde.
Autres critiques
"Malgré l'hostilité de la Nouvelle Vague, qui ne le reconnaît pas comme l'un des siens, Jean-Pierre Mocky, via Raymond Queneau, scénariste, met les pieds dans le plat du cinéma bourgeois, en appelant un chat un chat. Le film fit scandale : quelle était cette nouvelle valeur, le sexe, sur laquelle il fallait désormais fonder la vie à deux ? Pas un grand film, mais un regard sur l'évolution des moeurs de la société française."
Aurélien Ferenczi - Télérama
"Le film fit scandale à l'époque, car il abordait avec franchise et sincérité le problème de l'harmonie sexuelle. Cependant, il reste une demi-réussite, hésitant entre la caricature de personnages de second plan et les problèmes inhérents au couple."
Claude Bouniq-Mercier - Guide des films Jean Tulard
"Je tiens Un couple pour le film le plus neuf et le plus insolite qu'il m'ait été donné de voir depuis longtemps. Il rompt avec toutes les conventions du cinéma français." Louis-René des Forêts
AFFICHES
VIDEOS
BANDE ANNONCE
Interview de Raymond Queneau et JP Mocky avec casting dans la rue !
PHOTOS
Photo rare de Mocky sur le tournage
Photo rare de Mocky sur le tournage