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La musique joue un rôle majeur dans les films de Jean-Pierre Mocky. Il a du reste fait appel aux plus grands musiciens dans le genre : Maurice Jarre (Les dragueurs), Joseph Kosma (Snobs,Un drôle de paroissien), Vladimir Kosma, François de Roubaix (La grande lessive (!), L'étalon, Chut), Eric Demarsan, Gabriel Yared (Agent trouble), Gerard Calvi (La grande frousse, Les compagnons de la Marguerite) etc.
Les bandes sons sont toujours travaillées chez Mocky.Parmi les plus mémorables, citons le fameux solo de trompette d' "Un linceul n'a pas de poche" qui fut l'un des tubes de l'année 1974/75 (le disque se vendit à trois millions d'exemplaires sur le seul territoire national), la partition de Georges Moustaki pour Solo, le thème de Léo Ferré pour l'albatros, les cinq notes de Nino Ferrer pour Litan, la composition moderne surprenante de Jacky Giordano pour "La machine à découdre" mêlant saxo et musique électronique.
JP Mocky a toujours eu une idée très précise de l’orchestration à donner à ces thèmes musicaux. Cela eut des conséquences heureuses sur Un linceul n’a pas de poches où il imposa la trompette et la flûte de pan alors que le compositeur voulait un orchestre de fox-trot qui aurait banalisé le thème. Le disque obtint le succès que l’on sait. De même pour Litan, Nino Ferrer aurait voulu mettre de la batterie que Mocky refusa. La collaboration avec Léo Ferré sur L’albatros se termina aussi sur un malentendu. Ferré avait chanté le thème, au pied levé, devant un micro, pour le faire écouter à Mocky qui, voulut l’utiliser tel quel. Mais Ferré pensait faire une large symphonie, parvint à convaincre le producteur qui lui permit de l’enregistrer avec un grand orchestre. Mocky ne pouvait placer dans le film cette symphonie et a finalement retenu l’essai du premier jour. Léo Ferré ne l’a pas accepté et se fâcha avec lui.
Mocky apprécie surtout la musique qui « donne une joie de vivre » pour reprendre ses propres termes. Dans L'Ombre d'une chance, il a utilisé un contemporain de Strauss qui s'appelait Carl Zeller et il a souvent utilisé des extraits de musique viennoises. Dans Le piège à cons, il y a un motif à la cithare. Sur ce film, il s'adjoignit la collaboration de Pierre-Marcel Onder, programmateur / présentateur d'émissions sur France Musique qui joua le rôle de conseiller. Ce dernier joua par la suite plein de petits rôles dans les films de Mocky.
Eric Demarsan (6 films L’ombre d’une chance, L’ibis rouge, Le roi des bricoleurs, Vidange, Tout est calme, La bête de miséricorde)
C'est en 1974, qu'il finit par séduire le truculent et provocateur Jean-Pierre Mocky en lui écrivant un fort joli thème pour L'Ombre d'une chance . Avec Jean-Pierre Mocky, Demarsan découvre un monde très différent de l'univers rigoureux et structuré d'un J.P. Melville (pour lequel il écrivit les musiques de « L’armée des ombres » et du « Cercle rouge »).
Sur L'ibis rouge (1975), comédie grinçante de J.P. Mocky avec Michel Serrault et Michel Simon dans son tout dernier rôle, Demarsan s'amuse à utiliser les sonorités d'un orgue de manège, allié au timbre aérien d'une scie musicale et d'une harpe pour un score léger mais sans âge, à l'image des indémodables balades d'un Carlos D'Alessio. Avec L'ibis rouge , on peut dire que Mocky a enfin trouvé un compositeur au métier très sur et en même temps très proche de son univers loufoque et sarcastique. L'équipe réitérera avec des films comme Le roi des bricoleurs (1977), Vidange (1998) et La bête de miséricorde (2001).
« Mocky est un fou furieux. C'est un être à part dont je connais autant les qualités que les défauts. Il est colérique sur le tournage, il joue avec cela, il engueule tout le monde. Mais avec le musicien ce n'est pas du tout comme ça. Mocky ne demande pas de la musique de film mais demande des thèmes. Il fait sa liste de commission: une valse, un tango, un passo doble , un chœur d'enfants, puis mentionne les durées de chaque thème. Il y aussi un thème principal. Au-delà de ça, il s'en fout. Puis il monte tout cela comme il le souhaite. Il n'y a aucun travail spécifique. A part un thème principal parfois décliné de plusieurs manières, le reste demeure de la musique de source, mais une musique de source originale. » (Eric demarsan in entretien cinezik.org 11/2005).
Gabriel Yared
NEW ! Interview de Gabriel Yared sur Cinezik à l'occasion de la sortie d'un disque chez Music Box Records réunissant les 4 BO de Gabriel Yared pour le cinéaste, incluant donc les musiques de AGENT TROUBLE, LES SAISONS DU PLAISIR, UNE NUIT À L'ASSEMBLÉE NATIONALE, NOIR COMME LE SOUVENIR.
François De Roubaix
Musicien autodidacte, il découvre le jazz à l'âge de 15 ans alors que son père, Paul de Roubaix, produit et réalise des films institutionnels ; le mélange entre musique et cinéma ne le quittera plus. Doué d'un remarquable sens de la mélodie, il travaille énormément sur les sonorités, la diversification instrumentale et les mariages entre instruments. Il fut également l'un des premiers à utiliser le synthétiseur dans la musique de films. En pionnier, il aménage dans son appartement parisien de la rue de Courcelles un des tout premiers home studios 8 pistes dès 1972, où il travaille, finalise ou pose les bases de musiques qu'il complète ailleurs, généralement avec son fidèle ingénieur du son Jean-Pierre Pellissier (cordes, vraie batterie).
Au début des années 1970, il connaît un passage à vide au cinéma, et se consacre davantage à la télévision. Sa dernière musique de film, Le vieux fusil (1975), semblait explorer une nouvelle direction prometteuse lorsqu'il trouve la mort dans un accident de plongée.
Il a travaillé avec toute une génération de metteurs en scène (Robert Enrico, José Giovanni, Yves Boisset, Jean-Pierre Mocky...) Il a aussi composé pour la télévision (Chapi Chapo,Les Chevaliers du ciel). Pour Jean-Pierre Mocky, il a composé les musiques de "La grande lessive (!)", "L'étalon", "Chut".
En 1976, il obtient à titre posthume le César de la meilleure musique pour le film Le Vieux Fusil.
Le lien vers le site officiel de François De Roubaix : http://www.francoisderoubaix.com/
Un bel article ici : http://www.popnews.com/artistes/francois-de-roubaix/bio
LIENS
"Les oreilles dans les yeux" - Article sur les musiques des films de JP Mocky