C’est parti pour une deuxième journée où j’aurais pu assister à un tournage de film de JP Mocky. C’est son deuxième de l’année après « Les insomniaques ». JPM a fait appel à de la figuration massive (100 à 150 personnes) pour figurer dans la séquence dite de la fête du crédit dans son nouveau film « Credit pour tous », retour à la grande comédie populaire , genre « La grande lessive », donc radicalement différent de l’univers très noir des « Insomniaques ».
Le tournage a lieu à Neuilly Plaisance, au parc des coteaux d’Avron, en ce Samedi 26 Juin 2010 très ensoleillé. La pancarte de l’aire des jeux des Chouettes a laissé place à une autre indiquant en toute lettre Credit pous tous. Dès mon arrivée, avant l’heure prévuepour le rassemblement des figurants 14H45, je vois déjà un JP Mocky très affairé avec son équipe , la même que sur les Insomniaques (même chef op, ingénieur du son, maquilleuse). Je suis en terrain connu. Les acteurs sont déjà là : Arielle Dombasle, Rufus très concentré, il est d’une grande gentilesse et très abordable, je me fais prendre en photo ave lui et durant le temps de la prise, il continue à répéter ses répliques. Je reconnais également un vétéran des seconds rôles du Mocky Circus, Michel Francini (il aussi joué dans Play time de Jacques Tati) et François Tourmakine arrivant en scooter, lui aussi fidèle parmi les fidèles, il en est à son 24 eme ou 25 em film avec JPM.
Mocky, fidèle à lui-même, demande à ce que le camion transportant tout le matériel soit déplacé et enlevé du décor, ce qui nous vaut un accrochage avec son chef opérateur Jean-Paul Sergent, déjà passablement énervé par les exigences mockyennes. L’assistant de Mocky, Antoine est là aussi , très sympathique, il se chargera tout au long de l’après-midi de donner toutes les consignes aux figurants pour chaque scène. Figurants qui commencent à arriver en masse, de tous les âges, des familles, parents avec leurs enfants ont fait le déplacement. La figuration est bénévole, une tombola est censée récompenser un des figurants (je crois que le lot est un scooter) mais personnellement on ne m’a remis aucun ticket participatif, peut-être était-ce réservé aux habitants de Neuilly Plaisance, n’importe pour JP Mocky je ne demande rien, je suis payé en retour par le privilège d’assister à un de ces tournages.
La première scène se passe sur une estrade posée en plein milieu de l’aire de jeux, François Tourmakine dans le costume d’un colonel est là pour lancer la fête du crédit pour tous où un orchestre d’huissiers mélomanes (sic !) est censé ouvrir le bal. Il savonne, délaye un peu son texte, Mocky gentiment viendra lui demander s’il connait bien son texte. Trois ou quatre prises seront faites, nous figurants sommes tout autour de la scène, censés applaudir et même danser lors l’arrivée des huissiers danseurs sur un air rétro. C’est pour moi de la figuration un peu lointaine, je ne suis pas sur qu’il en reste beaucoup à l’écran. Mais le plaisir est au rendez-vous.
Pour la scène suivante, Rufus arrive sur l’estrade dans un accoutrement mockyeque, moumoute, costume etchaussures dorées à talon pour lancer la campagne du « Credit pour tous » avec l’achat d’actions Gobert . Rufus est vraiment un très grand acteur, juste et à fond dans son rôle. Son jeu a séduit tout le monde, j’ai même entendu un des figurantsdire qu’il lui rappelait le Bourvil de la grand époque . Ce n’est pas si faux, en tout cas c’est déjà sa quatrième collaboration suivie avec Mocky (après un épisode de « MysterMocky présente », Colère, les insomniaques).
La scène mise en boite, Arielle Dombasle fait son entrée pour jouer avec Rufus dans une courte séquence, elle est tout à fait comme je l’imaginais simple, attentionnée, rigolote et contente d’être là, loin de la fausse image de diva lointaine et exaspérante qu’elle peut véhiculer. Et là arrive le grand moment, l’arrivée de Michel Francini, le banquier Arnold. Sous une chaleur accablante, il fait son entrée difficilement, soutenu, car il a du mal à tenir debout. Vu son grand âge (dixit Mocky il a au moins 150 ans !), il est resté assis trop longtemps et ses jambes sont ankylosées.On se demande bien comment il va réussir à danser avec Arielle dombasle /Mme Gobert. Mocky est pris d’un fourire énorme, il demande à ce que l’on attrape par le cul pour qu’il tienne debout,Arielle Dombasle imperturbable essaie de trouver une solution,de le faire assoir en partie. Francini propose de faire ça contre un arbre, Mocky lui montre comment enlacer Dombasle mais manque de tomber à son tour. Les figurants sont tous bidonnés, surtout à la vision de Francini soutenu par derrière, et on attend le moment où il va tomber. Ce qui devait arriver arriva, Dombasle le fait assoir sur une chaise et Francini est pris d’ un petit malaise sous le poids combiné de la chaleur et de l’effort.Dombasle lui donne un sucre tandis qu’une figurante l’évente en permance . Finalement les secouristes arrivent et cela était sans gravité,Michel Francini recouvrant vite ses forces. Mock yprofite de cette interruption pour faire appeler Jean Abeillé pour une courte scène où il fume. Puis moment très émouvant, pour tout fan de Mocky et de ses acteurs fétiches, j’assiste à la prise uniquement son qu’il fait avec l’ingénieur du son, à l’écart de tout le monde et dit sa réplique « Non je ne fume pas » . Je suis ému de voir Jean abeillé pour la première fois en vrai, il fait tellement partie de l’univers Mocky que c’était presque irréel de le voir devant moi. Francini remis de ses émotions fera juste une courte scène avec Rufus, appuyé contre un arbre . Puis Mocky lui dit que ce sera tout pour aujourd’hui, ce à quoi Francini répond « Mais vous m’avez sucré toutes mes scènes alors ? » Un grand monsieur !
Puis une scène est filmée avec trois banquiers en marge de la fête, près d’un arbre et entourés de quelques figurants. Le dialogue est du pur Mocky « Nous faisons un métier de rêve.. C’est un naif ce Pistille, .. et nous aimons les naifs, ..Facile de leur faire les poches,cling cling sonnez le tiroir caisse cling cling sonnez… on va s’en mettre plein les coffres … numérotés dont nous sommes les seuls à connaître la combinaison… Ah pauvres gens…surtout il ne faut pas qu’ils sachent . » Après trois prises, mocky dit que c’est bon pour lui mais le chef op souhaite en faire une autre car le banquier contre l’arbre a une petite feuille près de sa joue. Mocky dit qu’au contraire la prise est plus jolie avec la feuille, on ne la refera donc pas . Cela est exemplaire de la méthode Mocky : pas beaucoup de prises et laisser l’imprévu, l’instant envahir la scène.
Pour Mocky tout le monde peut jouer, il a vite fait de repérer une dame assez forte et un petit garçon pour une courte scène dialoguée explicative dont il a besoin. Les figurants stars du jour s’en tirent très bien, sans être plus impressionnés que ça par la caméra. C’est amusant de voir la dame se prendre au jeu et s’acquitter de ses répliques , l’assistant l’aidant avec des papiers pense bête.
Au final, une belle journée de tournage encore une fois, avec un Mocky en bonne forme, toujours aussi « moteuromane » et houspillant son équipe plus que jamais, les poussant à aller toujours plus vite. Quand il voit qu’il ne peut s’en prendre à son chep opérateur, c’est l’autre « connard » de perchman qui en prend pour son grade, la préparation de la prise trainant trop.