RESUME
Quelque part en province, on prépare une partie fine avec des enfants. Un réseau de notables, bien organisés et bien discrets. Un des enfants, Eric, parvient à fuir la soirée de débauche.
Il se réfugie dans les bois chez une jeune garde forestière. La jeune femme garde un lourd secrêt. Son enfant a disparu depuis deux ans et malgré ses efforts aucune piste n'a menée jusqu'à lui.
Apprivoisant Eric qu'elle finit par faire parler, elle remonte la filière, détruit le réseau de notables pédophiles avec l'aide d'un armurier, ami de son mari, enfermé dans un asile suite au choc de la disparition de son fils.
FICHE TECHNIQUE
Réalisateur : Jean-Pierre Mocky
Production : Mocky Delicious Products, France
Scénario : Jean-Pierre Mocky, Alain Moury
Images : Edmond richard
Musique : Vladimir Cosma
Distribution : Pathé Distribution, France
Tournage : Août 2004
Durée : 80 min
DISTRIBUTION
Patricia Barzyk (Violaine)
Jean-Pierre Mocky (l'armurier)
Jean Abeille
Michel Bertay
André Cazalas
Dominique Zardi
Christian Chauvaud
Alain Fourès
Jean-Pierre Le Cloarec
François Toumarkine
Dominique Zardi
Hortense Belhôte
Florian Junique (Eric)
AUTOUR DU FILM
- Avec Les ballets écarlates, Jean-pierre Mocky s'attaque à l'un des sujets les plus douloureux de notre société : la pédophilie. Si le cinéaste a déjà traité ce thème (Noir Comme Le Souvenir et Le Témoin), il l'aborde ici de manière abrupte et violente. Entre militantisme forcené et dénonciation agressive, Les ballets écarlates s'impose comme le film le plus éprouvant jamais réalisé par Mocky.
A l'origine du scénario, l'enlèvement de la petite fille d'un journaliste de France Info. Libérée trois jours plus tard, la fillette traumatisée n'a pas prononcé un mot depuis des mois. "La presse s'empare de ces crimes, mais elle parle moins des jeunes victimes de rapt qui reviennent à la maison", explique le réalisateur. D'où l'intrigue des ballets écarlates.
- Le film n'est pas sorti au cinéma et est sorti directement en DVD dans la collection Mocky éditée par PATHE le 25/04/07.
Laissons Mocky s'expliquer à ce sujet (repris de l'entretien accordé au site DVDRAMA en septembre 2006) :
"Il a été interdit par la censure, ce qui est rare de nos jours. Il devait sortir à l'époque où on brûlait des bagnoles. J'en ai profité pour aller voir Renaud Donnedieu de Vabres en lui disant: «moi, si vous me faîtes chier, avec mon copain du Monde, on va faire un scandale dans le journal». Mon film c'est du Douglas Sirk, un mélo sur une mère qui cherche son enfant; enfin, c'est Les deux orphelines. Sauf que cette mère découvre brusquement un réseau de pédophiles en province où il y a un député, un juge, pas de curé cette fois-ci. Elle démantelait le truc. La police ne peut pas l'aider parce qu'on ne peut pas toucher à ces gens-là. Résultat, elle prend une mitraillette et les abat tous à la fin. Prétexte de l'interdiction: incitation à la violence et au meurtre. On me réplique que si toutes les mères dont les enfants ont été violés tuaient les responsables à la mitraillette, ce serait quand même très grave. Au départ donc, ils l'ont interdit; ensuite, ils l'ont autorisé après ma visite et les chantages. En plus, je révélais une chose très importante sur les réseaux. Aujourd'hui, on parle des dix ou quinze enfants qui ont disparu définitivement et été tué par des sadiques, ça, c'est des cas cliniques. Par contre, des réseaux pédophiles, il y en a autant que vous voulez en France et ils enculent des enfants à tour de bras. On en retrouve 100000 enfants qui sont violés et rentrent à la maison le soir. Un journaliste comme vous avait une petite fille de neuf ans et il est venu me voir un jour en pleurant parce qu'il avait abandonné sa petite fille dans la voiture le temps d'aller poster une lettre. Quand il est revenu, il n'y avait plus de petite fille, plus de voiture. On l'a retrouvée trois jours après. Et depuis trois ans, elle ne bouge pas, elle reste prostrée. Ce film, je l'ai fait en souvenir de cette petite fille. J'ai pensé que tout le monde serait ému. En plus, j'ai donné l'argent aux enfants. Je n'en ai pas fait un commerce comme on fait parfois avec des films sur les camps de concentration. Les mecs, ils empochent les caisses et ne versent pas d'argent aux victimes du génocide. C'est comme ça que j'ai eu l'appui de sociétés caritatives qui s'occupent d'enfants qui reviennent traumatisés. Et là-dessus, on me l'interdit. Pathé qui sont mes amis l'avaient inscrit dans leur convention de septembre dernier et il a été resucré. Il y a une sorte de cabale."
CRITIQUES
Mon avis
"Les ballets écarlates" est peut-etre le film de Mocky le plus radical et rageur, fait sur un coup de tête, de sang plutôt. Premier film réalisé sans concessions sur les réseaux pédophiles comprenant des notables apparamment bien sous tous rapports (conseiller général, juge,etc), il laisse un fort goût d'écoeurement. Le film est loin d'être aussi mauvais que son interdiction pouvait le faire craindre. C'est au final un bon Mocky, parmi les meilleurs de ces derniers, qui avec les moyens du bord et avec quelques maladresses, sait nous tenir en haleine jusqu'à la fin. Les premières minutes du fim sont particulièrement réussies : des enfants de 7 à 10 ans, réunis dans une belle et immense demeure, se dénudent et rejoignent un salon où les attendent des notables pervers et obscènes. Le ton est donné. Jean-pierre Mocky filme la scène avec toute la froideur et la cruauté qu'exige un tel sujet, sans s'apesantir mais en ne montrant que l'essentiel. Le reste du film est éprouvant, la tension ne se relâche jamais jusqu'à la fin, qui paraît énorme dans sa violence déchâinée. On comprend que le film ait pu effaroucher les distributeurs, qui ont sans doute eu peur, de l'incitation à la violence que la fin peut suggérer. Mais c'est un faux procès, Mocky ayant toujours utilisé la charge et la caricature pour mieux dénoncer les travers de la société, ici la pédophilie qui est en soi une chose tellement déguelasse et immonde qu'on ne voit pas comment le film aurait pu se terminer autrement. Ce que montre bien le film et qui est terrifiant c'est que les pédophiles sont indétectables et qu'il y en a dans tous les milieux ("Comme le disait Freud, on ne devient pas pervers, on le demeure" nous dit le personnage joué par Jean Abeillé). A l'image du notable pédophile, qui mis en prison, s'est amendé et fait croire qu'il est guéri, alors qu'aussitôt libéré et relivré à lui-même, il succombera encore à ses immondes pulsions.
C'est un beau rôle très important et émouvant que Mocky confie à sa femme Patricia Barzik, loin de ses précédentes prestations. Elle s'en tire honorablement pour un rôle très casse-gueule, c'est vrai qu'on peut lui reprocher son côté Rambo au féminin, mais là encore c'est certainement voulu, on est dans la charge au vitriol, pas dans une bluette, malgré le côté mélo de l'histoire de la mère qui recherche son enfant disparu.
Mocky, pour son dernier rôle d'acteur à ce jour, excepté un passage éclair dans "Le deal" s'est réservé le rôle de l'armurier qui va aider la garde forestière à accomplir sa vengeance. Même s'il paraît vieilli et un peu empaté, (Mocky a l'âge qu'il a), sa composition est juste et il garde toute sa hargne et sa colère.
Le reste de la distribution est uniquement composé de fidèles de la bande du Mocky circus, ce qui contribue à rendre encore plus attachant le film.
Le manque de moyens est flagrant, Mocky ne tournant maintenant plus qu'en DV, personnellement je n'apprécie pas la qualité de cette image, j'ai du mal à m'y faire elle fait trop naturelle et amateur mais ici elle ne dessert finalement pas trop le sujet.
Le film nous reste longtemps en mémoire, ce n'est pas la moindre de ses qualités, et fait oeuvre utile de dénonciation. Il faut reconnaître que c'est dommageable qu'il n'ait pas connu de diffusion en salles, hormis le support DVD. Ce n'est pas sûr qu'en ses temps de politiquement corect et de films formatés pour le prime time, il passe un jour à la télé, même pour illustrer un débat et des témoignages sur la pédophilie. D'ailleurs c'est tous les films de Mocky qui font l'objet de censure à la télévision hertzienne, invisibles pour la plus grande masse. Mais cela arrange bien les chaînes télé de faire venir Mocky sur les nombreux plateaux d'émissions, toutes plus insipides les unes que les autres, (à l'exception du talk show de Laurent Ruquier peut-être) pour lui faire pousser des geulantes et booster un audimat défaillant. Mocky n'y trouve que le seul moyen de faire de la publicité pour ses livres, films ou DVD qui sortent mais cela se retourne contre lui car il se contente de faire le provocateur de service et on ne retient de lui que cette image de vieil anar éructant, grossier et vulgaire, pestant contre tout le monde, .
Il faut signaler le retour d'Alain Moury au scénario, lui qui avait participé aux films de Mocky des tout débuts dont Solo, l' étalon, un drôle de paroissien , Snobs, L'ombre d'une chance, un linceul n'a pas de poches et les compagnons de la marguerite. Le scénario est plutôt bien écrit et moins bâclé que les derniers films de Mocky.
Autres critiques
"Mocky aime mettre en avant le fait que le ministre de la culture a interdit ce film en raison de son caractère choquant. Suite à une plainte du réalisateur étalée dans un grand quotidien, le film est "relâché" mais le hic c'est que personne n'ose le projeter. Pour Mocky, les salauds ont tout de même réussi à interdire son film et il est pas content. Pour le spectateur doué d'un minimum de bon sens, il s'agit d'un triste fait: le film est si pourri que personne ne prendra le risque de le projeter.
Et voila le film qui commence: un père divorcé et alcoolique "loue" son fils et sa fille à un réseau de pédophiles composé d'un candidat à la mairie locale, d'un juge d'instruction etc... Une belle brochette de canailles qui s'excite la nouille devant des mômes de moins de 10 ans au milieu d'un grand salon bourgeois. Mais le fils en question s'échappe et trouve refuge auprès d'une mère seule dont le fils disparut quelques années plus tôt. Ensemble, ils s'allieront à l'armurier local (Mocky himself) pour infiltrer le réseau et le détruire.
L'intention de dénoncer les atrocités citées est bonne, la méthode l'est en revanche beaucoup moins. On assiste effaré à un carnaval d'acteurs plus ou moins amateurs récitant leurs lignes de manière souvent pathétique devant une caméra rarement inspirée. Et plus le film progresse, plus il s'enfonce dans le ridicule via des rôles secondaires caricaturaux interprétés de manière exagérées - voire pathétique. Le film sombre donc dans la parodie involontaire et le public - qui aura su rester poli une bonne heure au moins (la projection eut lieu en présence du maître) - se relâche et commence enfin à pouffer d'un rire franc devant les déboires d'une bande de criminels dégueulasses qui va rapidement se faire éliminer par une version de Rambo au féminin lors d'une scène mémorable qui n'aurait pas détonnée dans un épisode de Benny Hill. Alors faire rire avec un sujet aussi délicat que la pédophilie pourrait relever du talent, malheureusement, ici, la raison est tout autre.
Kerozene - site club des monstres
" "Les ballets écarlates", co-écrit par le fidèle Alain Moury, est l’un des films les plus noirs de l’œuvre du cinéaste...Le film, il faut bien le dire laisse dans un état nauséeux. Sans le raconter, disons qu’il a une morale discutable, proche d’un film récent, le contestable "Contre-enquête" de Franck Mancuso -, idées que l’on retrouvait souvent dans le cinéma des années 70. Mocky montre sa défiance aussi bien pour les politiques que les instutions. renâcle avec beaucoup d’amertume sur ses personnages. Les exécutants sont pitoyables, comme les personnages joués par Alain Fourès sinistre homme de main ou Michel Bertay, qui incarne un tueur déchu obligé pour vivre d’exécuter les basses œuvres. Les élites d’une province étriquée incarnés par Dominique Zardi odieux voyeur ou Christian Chauvaud en redoutable manipulateur, n’œuvre que pour leur bon plaisir. Si Violaine trouve des aides vengeresses, Jean Abeillé conseiller désabusé sitant Freud, Nadia Vasil sœur d’un politique indigné et Mocky lui même qui incarne Mathieu, un armurier opportuniste. Le film malgré ses faibles moyens est assez prenant, Mocky film la ville de Vienne de manière insolite et le chef opérateur Edmond Richard connaît son métier. Signalons la musique de Vladimir Cosma, qui comme à l’accoutumée, recycle allégrement ses anciennes musiques. On attend par exemple dans un restaurant chinois, la musique du "Banzaï" de Claude Zidi ! Ce qui constitue un curieux décalage dans ce film très âpre. Le film met vraiment mal à l’aise, l’organisation d’un dispositif mettant en scène des enfants dont l’innocence va être pervertie pour les fantasmes monstrueux d’hommes mûrs est particulièrement éprouvant. Je préfère le Mocky satiriste à celui vindicatif du film, mais le sujet ne le prédisposait pas à l'exercer. Après "Le témoin" (1978) et "Noir comme le souvenir", il évoque une nouvelle fois la pédophilie mais en radicalisant son propos."
Coinducinephage.
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