RESUME
Condamné pour avoir tué accidentellement un policier au cours d'une manifestation politique, Stef Tassel parvient à s'évader de la prison de Markstein. Poursuivi aussitôt par toutes les forces de l'ordre locales, Tassel se réfugie à l'hôtel de ville où se déroule un meeting au profit du président Cavalier, candidat aux prochaines élections. Tassel enlève la fille de Cavalier, Paula, et va s'en servir comme otage pour arriver à s'échapper. Un policier qui tentait d'arrêter le bandit est abattu par ce dernier. Le conseiller Grim, adversaire de Cavalier dans la lutte électorale, va tenter d'exploiter le rapt de Paula afin de compromettre son rival. Pour cela, il obtient l'appui bienveillant du commissaire chargé de retrouver Tassel. Cavalier réussit à retrouver sa fille, mais celle-ci ayant découvert les sombres machinations auxquelles se prête son père, préfère rester avec Tassel et lui porter secours. Le commissaire fait arrêter Paula pour complicité avec Tassel, à la grande joie de Grim, tout réjoui du scandale qui va éclabousser son adversaire. Mais Tassel revient délivrer Paula qu'il aime réellement. Cet acte d'amour sera fatal pour l'aventurier qui mourra sous les balles des policiers.
© Les fiches du cinéma 2001
FICHE TECHNIQUE
Réalisation : Jean-Pierre Mocky
Scénario : Jean-Pierre Mocky, Claude Veillot, Raphaël Delpart
Dialogues : Claude Veillot
Assistants réalisateurs : Luc Andrieux, Léonard Guillain, Francis Hylari, Jean-Marie Ghanassia, Francis Guesweiller et Iosko Hétérovitch
Images : Marcel Weiss
Opérateur : Paul Rodier, assisté de Christian Dupré
Son : Séverin Frankiel
Musique : Léo Ferré
Montage : Marie-Louise Barberot, assistée de Françoise Merville, Annie Baronnet et Martine Baraqué
Décors : Jacques Flament, Jacques Dor
Régisseur général : Jean Guerpette
Photographes de plateau : Roger Corbeau, Roger Forster
Cascades : Michel Norman
Production : Balzac Films, Profilm, Belstar Production
Directeur de production : Marcel Mossotti
Producteur délégué : Jacques Dorfmann, Frédéric Dorfmann
Distribution : Corona
Tournage à partir du 06 Janvier 1971 dans les studios Eclair à Epinay-sur-Seine et les extérieurs à Sarreguemines (Moselle) et en Alsace
Première présentation le 08/09/1971
Pellicule 35mm, couleur
Genre : Drame
Durée : 92mn
DISTRIBUTION
Jean-Pierre Mocky : Stef Tassel, le prisonnier en fuite
Marion Game : Paula Cavalier, la fille du président
André Le Gall : Lucien Grimm, le conseiller
Paul Muller : Ernest Cavalier, le président
René-Jean Chauffard : Le commissaire Gaber
Francis Terzian : Martial, le motard
Jean-Marie Richier : Poirier, le motard
Marcel Perès : Pierson
Roger Lumont : Le pharmacien
Jacques Lévy : Maître Beaudouin
Michel Bertay : Mazeran
Roger Corbeau : Hébrardt, le secrétaire général
Michel Delahaye : Le directeur de la prison
Mario Walter : Le capitaine de gendarmerie
Rudy Lenoir : Le gardien du supermarché
Robert Berri : L'ami du gardien
Emmanuelle Clove : Une agresseuse de Paula
Agostino Vasco : Un agresseur de Paula
Dominique Zardi : Un agresseur de Paula
Thérèse Aspar : Mme Pierson
Pierre Durou : Le conducteur de la camionnette
Raphaël Delpard : Un homme à la permanence de Cavalier à Burgshoffen
Pierre Benedetti : Un homme de Cavalier
Françoise Hekking : La clocharde à la gare
Marcel Gassouk : L'abbé sur la route
Les majorettes et les habitants de Sarreguemines
AUTOUR DU FILM
- Jean-Pierre Mocky désirait réaliser un film sur les élections, sujet qu'il estimait encore jamais traité par le cinéma français, et selon la même construction et le même plan de la conduite de récit que SOLO; c'est-à-dire un film romantique et romanesque avec pour toile de fond les violences de méthodes électorales. La musique de L'ALBATROS a été composée par Léo Ferré qui entendait poursuivre la complainte chantée par Georges Moustaki pour SOLO. Un malentendu fit prendre au réalisateur la maquette que présenta Léo Ferré pour un travail définitif. C'est donc une partition quasi-inachevée qui fut enregistrée pour le film.
Si comme pour SOLO, le réalisateur est à la fois son principal interprète, c'est d'abord pour des raisons économiques et aussi pour répondre au désir du metteur en scène de reprendre son métier d'acteur abandonné depuis 1958 avec LA TETE CONTRE LES MURS. Lors d'un entretien à propos de L'ALBATROS, Jean-Pierre Mocky déclarait : "J'aurai pu éventuellement situer mon film, en une forme plus documentaire mais j'aurais perdu l'impact du romantisme d'un film de fiction qui permet de transcender un sujet et de le rendre perméable à des gens qui ne s'intéressent pas à la " politique "...Le film dont le budget définitif était de 75 millions d'anciens francs, fut tourné avec le concours des habitants de la municipalité de Sarreguemines. Jean-Pierre Mocky qui avait une très grande admiration pour Bourvil lui dédia L'ALBATROS.
- Le sujet était tiré de l'actualité : le directeur d'un grand journal (Jean-Jacques Servan Schreiber de l' express) s'était présenté aux élections législatives contre un communiste. Dans cette région industrielle, le parti des travailleurs était bien implanté, le candidat coco était donc bien placé mais il avait puisé dans la caisse de la cellule locale du parti pour sa maitresse. Le scandale fut révélé, le directeur du journal avait gagné l'élection. C'est ainsi que Mocky eut l'idée de plaquer la fuite du détenu sur cette magouille, en ajoutant une fille au politicien en camapgne que le détenu prendrait en otage.
- Suite à ce film, Mocky s'est brouillé avec Gilles Jacob, aujourd'hui président du festival de Cannes, ce dernier s'étant dégonflé et avait retiré l'article élogieux qu'il comptait faire sur le film dans le journal L'express dont le patron faisait l'objet d'une allusion dans le film pour sa campagne électorale. Mocky attribue à cela le fait que sous le règne de Gilles Jacob jamais un de ces films n' a été sélectionné au festival de Cannes.
- Pendant 17 ans, L'albatros n' a jamais été diffusé à la TV.
CRITIQUES
Mon avis
Suite logique à Solo, fait dans le même esprit et avec la même équipe, L'albatros est tout aussi réussi, coup sur coup Mocky fait mouche.
Mocky a pris goût à faire l'acteur (de plus il doit remplacer Bourvil, prévu pour le rôle mais mort entre-temps), et se distribue une fois de plus dans le rôle principal de ce Stef Tassel, prisonnier évadé en cavale, injustement condamné du meurtre d'un policier suite à une manifestation, 68 n'est pas loin. Il est pourchassé comme un animal avec en toile de fond une période de campagne électorale qui voit la lutte pour le pouvoir de deux candidats prêts à tous les coups bas et à exploiter la moindre faiblesse de son adversaire (ici la fille prise en otage du candidat président sortant Cavalier).
Outre la critique acerbe des méthodes électorales (faites de magouilles et de corruption en tout genre) toujours d'actualité, L'albatros suit aussi l'évolution des rapports entre le couple formé par Stef Tassel et l'otage, cette dernière finira par être totalement conquise par Stef, la haine se changeant en complicité amoureuse, comprenant qu'il est plus une victime du système que le dangereux criminel dépeint par les médias (journaux, télévision), qu'il est un homme sensible, capable de sentiments malgré son allure froide et triste.
La séquence finale, osée pour l'époque, est restée très fameuse : le couple se réfugie dans un mirador, ils sont nus et font l'amour. On ne voit les corps qu'en ombres chinoises à travers les vitres et sous les projecteurs braqués sur eux.
Un Mocky bien mis en scène, au scénario plus complexe qu'il y parait, au ton aussi noir que le précédent. Il faut aussi signaler la musique de Léo Ferré, chant entêtant faisant écho à celle de Moustaki pour Solo.
Au final un classique, parmi les meilleurs films de son auteur dont on aurait tort de ne retenir que ses comédies.
Autres critiques
"Un acteur-metteur en scène de la race des Stroheim et des Buster Keaton. C'est le cinéma lyrique, tragique, pamphlétaire, humain. Le cinéma américain."
Alexandre Astruc (Paris Match)
"Jean-Pierre Mocky, au visage romantique, aux gestes félins, se confond totalement avec le personnage qu'il joue : un idéaliste mélancolique, un perdant fatal. Avec celle qu'il a kidnappée (la fille d'un homme politique, finalement conquise), il s'oppose à tous les politicards installés, qu'ils soient de gauche ou de droite. Dans ce monde de corruption et de magouilles, seule la révolte individuelle a un sens. A la fois satire politique, cavale romantique et fable sociale, le film séduit surtout par sa poésie naîve et élégiaque, sa manière de magnifier l'individu contre la société, l'instant présent contre les projets, le désir contre la raison."
Jacques Morice - Télérama
"Le cri de révolte d'un homme seul face à une société ignoble où les élections ne sont qu'une mascarade au service de l'argent. Un beau film romantique et désespéré qui est "une dénonciation de l'hypocrisie, de l'obscurantisme, de l'oppression et de toutes les contraintes qui entravent la liberté et la dignité de l'homme" (A. Cornand).
Claude Bouniq-Mercier - Guide des films de Jean Tulard
"Un des meilleurs Mocky. A force d'employer cette formule, on finira par admettre un jour que "l'inégal" et prolifique Mocky n'a presque réalisé que des bons films. Celui-ci appartient à la veine des polars anarchistes (Solo, Le Piège à cons, La Machine à découdre, Vidange) où s'expriment avec un réel bonheur la violence, la causticité et le romantisme noir du cinéaste. Scandé par la complainte de Léo Ferré, L'Albatros est l'histoire d'un évadé (Mocky lui-même) qui lève le voile sur les magouilles électorales d'une petite ville d'Alsace. Ça dégage. Longtemps écarté des antennes, le film passe cette semaine à la télévision pour la première fois. Une raison supplémentaire pour ne pas le manquer."
OLIVIER PÈRE - Les inrocks 07 avril 1999
"L'albatros est un des films les plus prestigieux de Jean-Pierre Mocky avec Solo. Traitant à son habitude d'un sujet épineux (en l'occurrence le trucage des élections), Mocky se met en scène dans la peau d'un individualiste révolté par la société et récemment évadé de prison : Stef Tassel. L'homme poursuivra sa cavale sans fin avec comme otage, la fille du président de la république, justement en campagne électorale. Les liens qui tissent ces deux personnages l'un à l'autre vont évoluer tandis que le facteur Danger ne cessera de croître.
L'albatros est un film exceptionnel, qui ne laisse aucun répit au spectateur, et durant lequel l'évadé sera traqué comme un animal par les forces de l'ordre..."
Gui - Dvdrama
VIDEOS
Extrait de l'albatros
Générique
AFFICHES
Affiche polonaise
Affiche italienne
Affiche italienne 2
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