RESUME
Hervé Radius, cadre d'une société Pétrolière, a une dispute avec sa jeune maîtresse et la précipite dans une rivière après l'avoir frappée. Un témoin voit la scène et fait chanter Hervé. Mais, ce témoin mourant accidentellement, Hervé est non seulement obligé de se débarrasser du corps, mais auusi de faire face à l'enquête de l'inspecteur Pignac, qui n'est pas aussi idiot qu'il en a l'air. Pour se disculper, il a besoin d'un alibi. Aussi va-t-il chercher diverses personnes susceptibles de lui servir d'alibi. Héla cela se révélera ardu et ses diverses tentatives le conduisent à une conclusion plus qu'imprévisible.
FICHE TECHNIQUE
Réalisateur : Jean-Pierre Mocky
Scénaristes : Jean-Pierre Mocky, André Ruellan
Production : Jean-Pierre Mocky (MDP), France - 13e Rue, France
Image : Jean-Paul Sergent
Musique : Vladimir Cosma, chantée par Renaud
Tournage : printemps 2006 à St Quentin en Yvelines
Genre : Comédie policière
Durée : 1H27
Sortie France : 14 mars 2007
DISTRIBUTION
Jean-Claude Dreyfus ... Hervé Radius
Jackie Berroyer .... Pignac
Jean-François Stévenin .... Victor Anselme
Alison Arngrim .... Edith
Dominique Zardi .... Commissaire Mustang
Noël Simsolo .... L'abbé
Sarah Barzyk .... Danielle
Patricia Barzyk .... Priscilla
Christian Chauvaud .... SDF
Michel Stobac .... L'inspecteur
Jean Abeillé
Samantha Benoit
Fredy Bournane ... Le prof de relaxation sexuelle
Jean-Pierre Clami ... Un député
Mélanie Decroix
Jean-Pierre Le Cloarec
Catherine Lys
Jean-Jacques Malherbe
Nadine Vasile ... Jacotte
Renaud ... Le chanteur des rues
CRITIQUE
Mon avis
Le film a été présenté en avant première le 08/02/07 au cinéma Jean Renoir de Trappes dans le cadre du 12 eme festival "Polar en ville" de Saint Quentin en Yvelynes dont Mocky était le parrain de la 11 eme édition. C'est d'ailleurs à la suite de cela qu'il a obtenu le soutien de la ville pour y tourner "Le deal" en mai 2006. Tout logiquement il a réservé la primeur du film au festival et aux habitants de la région dont certains figurent dans le film.
Pour en venir au film lui-même que j'ai eu la chance de voir, il est dans la veine du Mocky des comédies grand public matinées ici de polar. Comme d'habitude, on retrouve des comédiens habitués de la bande à Mocky, pour les vétérans : Dominique Zardi, Jean Abeillé mais aussi des fidèles tous très bons : Jackie Berroyer (pour son 3 eme mocky après "La bête de miséricorde" et un clin d'oeil dans "Les araignées de la nuit"), Jean-François Stevenin (3 eme Mocky aussi après Y a-t-il un français dans la salle et "Noir comme le souvenir"), Jean-Claude Dreyfus (3 eme Mocky aussi après "Bonsoir" et "Le bénévole"). Il faut ajouter à cela, connaissant le goût de Mocky pour les casting improbables et hétéroclites, Alison Arngrim qui était l'inoubliable Nellie Oleson dans "La petite maison dans la prairie". Elle traîne tout au long du film un impossible accent et rigole tout le temps.
"Le deal" est au final très drôle, avec un scénario astucieux mêlant toute une série de quiproquos et de situations dans lesquelles le personage principal se trouvera embarqué. Le rythme faiblit tout de même un peu vers la fin mais on a plaisir à retrouver un Mocky en assez bonne forme. Il faut arrêter de comparer les derniers Mocky avec ces grands films des années 60, 70 et même 80, ils ne jouent pas dans la même cour et ne peuvent être mis au même plan. Les derniers Mocky souffrent d'un manque de moyens évident et sont réalisés en toute indépendance : auto production, acteurs le plus souvent payés en participation au bénéfice, autant dire qu'ils jouent presque bénévolement par amitié. "Le deal" ne plaira donc pas à ceux qui n'aiment pas son cinéma et rangeront ce film au rayon des nanars, avec des situations plus absurdes les unes que les autres. Alors que Mocky a voulu faire une comédie à l'anglaise, dans le ton des films des frères COEN (voir le remake des 'Tueurs de Dames ou "Fargo" où des gens tentent désespérément de commettre un crime sans y parvenir correctement), c'est sûr qu'on est loin de la grosse comédie à la française, il faut être prêt à rentrer dans l'univers de Mocky et accepter des situations poussées à l' extrême limite parfois.
On frise aussi, c'est vrai, le n'importe quoi (surtout la fin), un certain je m'en foutisme, mais l'essentiel n'est-il pas que Mocky ait encore gardé intact le plaisir de faire des films. Malgré tous les défauts pré cités, "le deal" réserve son lot de scènes drôles et décalées (i faut voir la scène avec le professeur de relaxation sexuelle ou celle entre Jean Abeillé et Jacky Berroyer ou celle où Dreyfuss cherche à se débarasser des deux cadavres sortis du frigo et mis dans des caddies, etc.).
Il faut souligner la participation du chanteur Renaud qui chante une ballade dans le film et qu'on voit à plusieurs moments à l'image en chanteur des rues commentant l'histoire.
Autres critiques
"Oser jeter une mirette sur un film de Mocky, c'est prendre le risque d'une méga-baffe spatio-temporelle : déportation immédiate dans un univers 70's grailleux avec politicards vérolés, curés qui mouillent sous la soutane et saupoudrage(ingrat) de comédie noiraude. O miracle(bon,euh...le mot est fort): Le deal fait presque dans le sobre en racontant de manière compréhensible comment un député, qui a balancé sa maîtresse à la flotte, court le voisinage pour se payer les services d'un alibi...Dire que le fond pseudo-anar mockyen est surcuit et pas bien drôle(avec les services de la concierge, Mme Dugland!), c'est un truisme en soi. En tout cas, heureusement que l'art du cabotinage ne se perd pas, sinon Mocky n'aurait défnitivement plus rien à dire."
Ciné Live - Mars 2008
"Bonne nouvelle, la mise en scène du Deal est plutôt moins bâclée que dans les Mocky les plus récents (le Furet, Grabuge !...), même si, côté scénario, cette comédie policière tire franchement à la ligne. Pendant près d'une heure et demie, un député libidineux (Jean-Claude Dreyfus, en roue libre) qui a noyé accidentellement sa maîtresse recherche désespérément un faux alibi.
Comme souvent chez Mocky, le film se regarde surtout pour ses seconds couteaux. Jackie Berroyer, la tête perpétuellement posée sur un coussinet, fait un grand numéro d'inspecteur pervers, l'historien du cinéma Noël Simsolo a l'air de beaucoup s'amuser en abbé pédophile et Renaud, vêtu d'un tee-shirt «Derrida, non merci !», commente toute l'histoire en chanson. Les fans d' A mort l'arbitre ! retrouveront deux survivants un peu fatigués du «Mocky Circus», Jean Abeillé pour une apparition fugitive et Dominique Zardi dans un rôle un peu plus consistant de commissaire défiguré à la suite d'un accident du travail. Mais la plus grande surprise vient de la vedette américaine du Deal : Alison Arngrim, alias Nellie Oleson, la petite peste à couettes de la Petite Maison dans la prairie, incarne tout en hystérie et tocs la femme du député."
Samuel DOUHAIRE - Liberation
"On a toujours reproché à Jean-Pierre Mocky de bâcler ses films. Tout en convenant, parfois, qu’en les bâclant moins il ne les réussirait pas forcément plus. Mais les Mocky soignés existent : ceux avec Bourvil, ou Agent trouble avec une Deneuve déguisée en « tantine » à lunettes et à bouclettes.
Le Deal, en revanche, appartient nettement à sa veine foutraque – une seule prise par scène, sûrement – qui justifie la réflexion ironique d’un de ses anciens assistants : « Avant même d’avoir mis en boîte le plan qu’il tourne, Mocky est déjà en train de diriger le suivant… » Intrigue gentiment absurde : un cadre de société pétrolière est contraint de remplacer d’urgence un maître chanteur qui lui sert d’alibi pour un meurtre dont le soupçonne (à juste titre) un inspecteur faussement crétin…
Il y a de bons moments : Jean-Claude Dreyfus traînant hors de chez lui deux cadavres, droit debout. On retrouve, surtout, ces silhouettes dont Mocky s’est fait le spécialiste : Stévenin en parka rose, Noël Simsolo, prêtre amoureux d’un gamin aux beaux yeux, Jackie Berroyer, mèche tombante qui mène son enquête, tête posée sur un coussinet, sans oublier Renaud en barde, vêtu d’un T-shirt proclamant : « Derrida ? Non merci »…
Cerise sur le gâteau : Alison Arngrim, l’ex-héroïne de La Petite Maison dans la prairie. Mocky a dû l’engager sans mesurer que son accent la rendrait totalement incompréhensible. Il a, donc, eu l’idée de l’affubler d’un toc : des fous rires ininterrompus – dus à la mort de son mari ! – lui servent de répliques… Bref, M. le Mocky est très en forme, même si la forme de ses films semble, de plus en plus, les réserver à ses inconditionnels"
Pierre Murat - Télérama
"Au coin d'un bois, un député occit une maîtresse énervée. Un photographe amateur qui passait par là lui promet, contre argent, de lui servir d'alibi. Hélas, le maître chanteur s'électrocute dans la baignoire du député, que la police commence à soupçonner. D'illustres flibustiers à moumoutes (voir générique) accompagnent dans cette comédie macabre Jean-Pierre Mocky, maître de l'élucubration sarcastique, pas au mieux de sa forme. Trop de hâte, pas assez de moyens : la formule a beau réussir à Mocky, elle n'est pas extensible au-delà d'un certain seuil."
Jacques Mandelbaum - Le monde
"Le deal, avant-dernier film du cinéaste en date, nous amène à poser très sérieusement l’hypothèse de Mocky cinéaste de séries Z.
On fleure ici le grand n’importe quoi : moyens dérisoires, photographie assez laide, post-synchronisation pas toujours au point, intrigue totalement invraisemblable… Et pourtant, ça passe ! Le mélange d’énergie et de croyance absolue dans le cinéma fait que Mocky parvient à nous faire adhérer à son histoire abracadabrante.
Jugez plutôt : Le PDG et député Radius (Dreyfus) se dispute avec sa maîtresse qui le menace d’un revolver. En cherchant à se défendre, il envoie la jeune femme à l’eau. Sur les lieux du crime traînait un photographe amateur (Stévenin) qui va proposer un « deal » à Radius : il sera son alibi en échange de son appartement. Les péripéties et les morts s’enchaînent de la manière la plus délirante qui soit et ils obligent Radius à chercher de nouveaux alibis…
Rien que pour ce défilé d’alibis, le film mérite d’être vu : clochard muet, chômeur parlant à peine le français, femme de ménage enrobée et sexy… Le cinéaste choisit l’ « hénaurmité » et les personnages les moins crédibles.
Entrer dans l’univers de ce Deal, c’est prendre une place pour un spectacle de Guignol : c’est moins la vraisemblance et le déroulement du scénario qui intéressent que la galerie de personnages que dessine une nouvelle fois Mocky.
Une fois accepté ce principe de je-m’en-foutisme intégral, c’est assez savoureux : députés cumulards et adipeux, concierge aveugle, veuve hystérique, flics défigurés ou handicapés, curé pédophile… C’est le grand guignol cher au cinéaste et aux acteurs qui s’en donnent à cœur joie.
Jean-Claude Dreyfus, comédien souvent horripilant en raison de ses incessants roulements d’yeux et de son jeu aussi fin que l’utilisation d’un marteau-piqueur dans un mécanisme d’horlogerie suisse, est ici totalement dans le ton (donc excessif) et il est souvent très drôle. Autour de lui, c’est un défilé de gueules incroyables : Stévenin a été affublé d’une perruque qui lui donne des airs de Frank Dubosc, Zardi joue un commissaire inquiétant, la moitié du visage camouflé par un masque noir, Berroyer, mèche blonde postiche, joue un inspecteur ambitieux mais pas très futé atteint d’un torticolis (il joue tout le film la tête penchée, reposant sur un petit coussin qu’il garde sans arrêt au-dessus de son épaule !). Il faudrait aussi citer Simsolo dans le rôle de ce prêtre tourmenté par ses désirs pour un petit enfant de chœur ou encore l’ineffable Alison Arngrim (la Nellie Olleson de la petite maison dans la prairie !!!) qui ne peut plus prononcer une phrase sans éclater de rire depuis que son mari est mort ! (L’accent à couper au couteau de l’actrice, qui rend incompréhensible un tiers de ses répliques, ne fait que renforcer l’impression de capharnaüm géant).
Et puis il y a l’ami Renaud, orgue de barbarie à la main, qui chantonne une petite ritournelle qui distance le récit en le commentant d’une manière totalement splendouillette !
Les esprits chagrins regretteront le caractère éminemment caricatural de l’ensemble mais il ne faut pas oublier que nous sommes chez guignol et que ce jeu de massacre n’a rien de mesquin. Il ne s’agit pas de ricaner en disant que tous les prêtres sont pédophiles (ça serait un peu facile) mais de dessiner le plus grossièrement possible une série de personnages excessifs et « monstrueux » (car chez Mocky, le « monstre » est ce qui se rapproche le plus de l’humain).
De la même manière, on peut trouver outré ce moment où les députés s’en mettent plein la panse en entonnant le cantique néo-libéral à la mode (flexibilité, réformes, modernité, plans sociaux…). Mais dans 20 ans, c’est grâce au cinéma de Mocky que nous nous souviendrons de l’incroyable servilité des « élites » actuelles au monstrueux modèle américain…
Bref, le deal est sans doute un film très mineur, incroyablement mal fichu, pas forcément très « drôle » (disons que ce n’est pas un film qui fait rire aux éclats) mais sa vigueur et l’énergie avec laquelle il croque d’incroyables trognes font qu’il s’avère, au bout du compte, assez roboratif…"
Le journal du docteur Orlof
"Le franc-tireur du cinéma français continue avec Le deal de pointer du doigt l’hypocrisie des hautes sphères étatiques et de brocarder avec sa verve coutumière toutes les institutions. En substance, il développe une intrigue policière invraisemblable qui n’en finit plus de rebondir et de tirer sur tout ce qui bouge, des concierges aux flics en passant par les curetons pédophiles qui tombent amoureux malgré eux et les députés faux-derches qui se gargarisent de dîners onéreux. Le gros problème du dernier Mocky vient de son mécanisme pavlovien qui consiste à répéter inlassablement le même système jusqu’à l’épuisement : les cris de l’enfant lorsque le député Dreyfus ouvre une porte, Renaud qui intervient comme un ménestrel paraphrasant les situations pour appuyer le trait là où ça doit faire mal. Heureusement, le cinéaste ne se prend jamais au sérieux et fait délicieusement swinguer le quotidien glauque avec un humour absurde de bon aloi, renvoyant par moments à sa prédilection pour l’humour salace des Saisons du plaisir, avec l’une des grandes idées perverses du Deal : des cours vicelards de relaxation sexuelle où des femmes se donnent du plaisir sous des regards de voyeurs anonymes.
Le deal est donc un film qui ne ressemble à rien d’autre si ce n’est du Jean-Pierre Mocky avec des dialogues taillés dans le rasoir ("j’ai rien contre les pédés mais j’ai rien pour" ou "tu m’as plu, je t’ai plu, il a plu, il y en a de l’eau qui est passée sous ce pont !") et tout plein de situations rocambolesques de ce calibre (les cadavres sagement rangés dans des caddies de supermarché). Le casting constitue son atout le plus sûr : Dreyfus fait avaler tout ce qu’il raconte, Jean-François Stévenin s’amuse comme un petit fou (les retrouvailles amusent quelques dizaines d’années après Y a-t-il un français dans la salle ?), Jacky Berroyer jubile en commissaire roublard, Alison Arngrim (la méchante de La petite maison dans la prairie) parle si mal français que ça contribue au décalage et Renaud tire la tronche en assénant des rimes démagogiques et populistes. Improbable, certes, mais, pour peu qu’on adule Mocky, Le deal ressemble à un authentique plaisir très coupable. Uniquement et strictement réservé à ceux qui s’amusent avec lui."
Romain Le Vern - A voir a lire
"A réserver aux amateurs de Mocky, d'humour décalé et con, cinématographiquement c'est de la daube en baton, mais au deuxième degrès scénario et acteurs sont géniaux."
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